Il y a déjà 8 ans, un de mes premiers articles était intitulé : « Insectes-acariens : une menace pour l’âne ».
La climatologie actuelle est telle que les absences de très fortes gelées et des périodes hivernales douces font apparaître plus tôt et en plus grand nombre des insectes comme les mouches, moucherons, moustiques…
En faisant une rétrospective sur mes articles et l’expérience aidant, il apparait certain que les insectes jouent un rôle prépondérant à la fois dans la transmission ou l’aggravation de certaines pathologies outre leur action spécifique sur la peau comme les acariens avec les gales.
J’ai souvent écrit sur les sarcoïdes, les habronémoses ou plaies d’été… et incontestablement une aide aux traitements passe par la prophylaxie sanitaire et médicale concernant les insectes.
L’interdiction d’utilisation de certains insecticides comme le Lindane et l’absence de produits spécifiques aux équidés nous font obligation d’attacher de plus en plus d’importance à la prophylaxie sanitaire des locaux, des réservoirs de larves que sont les fumiers ou lisiers des animaux.
Nous avons, actuellement, un exemple de maladie qui atteint les ovins et les bovins : la Fièvre Catarrhale Ovine (F.C.O.), décrite depuis longtemps mais qui connaît une forte recrudescence à cause de la transmission par un moucheron non encore parfaitement identifié. Les essais de désinsectisation montrent de grandes difficultés pour obtenir des résultats probants que ce soit sur les locaux ou les animaux et il serait utopique de penser vouloir appliquer sur un vaste territoire, comme cela a pu être réalisé dans certaines zones humides, une prophylaxie aux conséquences pour l’environnement inconnues et à l’efficacité très aléatoire.
A – Rappel du chapitre de l’article intitulé « Qui sont-ils ? » (L’Âne Bleu n°38)
I – Mouches – Taons :
- Mouches suceuses ou lécheuses : Elles se nourrissent de sécrétions de muqueuses et de transpiration, essentiellement autour des yeux et partout où la peau est fine. Elles vont compliquer les plaies d’été avec habronémose, les sécrétions de certaines sarcoïdes et toute plaie accidentelle ou chirurgicale.
- On rencontre aussi l’hippobosque ou mouche araignée très plate découverte en soulevant la queue de notre âne (attention aux coups de pied).
- Mouches piqueuses : Avec une trompe dure, elles transpercent le cuir et se nourrissent de sang. Elles peuvent transmettre des maladies.
- Mouches gastrophiles : Elles pondent sur le poil et ainsi par léchage les larves sont ingérées, pouvant provoquer des troubles et l’on retrouve dans les excréments larves et pupes.
Cycle des mouches : un cycle infernal !
Durée du cycle : 20 j. à 20° ou 10 j. à 28°
II – Les moustiques – moucherons :
Agaçants, ils peuvent transmettre, comme les mouches, des virus et provoquer des lésions allergiques.
Dans ce chapitre je voudrais porter votre attention sur les « simulidés » auxquels appartient Simulium equinum qui pique la conque auriculaire des ânes.
L’adulte a l’aspect d’une petite mouche de 1 à 5 mm, les larves ont une morphologie adaptée à la vie en eau courante. Elles sont la suite des œufs pondus au ras de l’eau ou même sous l’eau sur un support. Mâles et femelles utilisent le nectar des fleurs pour satisfaire leurs besoins en glucides. Seules les femelles sont hématophages (se nourrissent de sang) et prennent un repas avant chaque ponte. Les femelles ont une longévité de 2 à 3 semaines et il y a 1 à 6 générations de simulies (femelles piqueuses) par an.
Les insectes se rencontrent, donc, dans la conque en face interne des grandes oreilles, provoquant une gêne mais aussi des lésions cutanées sous la forme de petites croûtes sèches qui, une fois éliminées, laissent apparaitre un rond blanchâtre. Lorsque l’on passe la main à l’intérieur, en présence de ces insectes, on ressort les doigts tâchés de sang. Il est recommandé pour cela d’adjoindre un corps gras à tout traitement insecticide ou répulsif.
III – Les poux :
Démangeaisons et dépilations. Ils sont visibles à l’œil nu, notamment en examinant à contre jour une poignée de poils. Contagion garantie donc attention en cas de rassemblements.
IV – Les acariens :
Auteurs des gales. Ils provoquent des démangeaisons et des lésions sous la forme de boutons avec crôutes pouvant se surinfecter. Les lésions croûteuses font qu’il est indispensable de ramollir par savonnage, éliminer avant tout traitement. Les gales sont très contagieuses.
B – PROPHYLAXIE ET TRAITEMENTS
I – Prophylaxie sanitaire et médicamenteuse :
- Les locaux : Il est primordial de traiter préventivement les locaux afin que nos amis puissent trouver une aire de repos et de calme. Le local doit être bien aéré, il doit être régulièrement désinfecté et désinsectisé. Saniterpin insecticide DK, Crésyl pour le sol ou produits d’usage agricole homologués sont à utiliser en dehors de la présence des animaux. En évitant les abreuvoirs, mangeoires… Ne pas oublier les moyens de transports.
- Les fumiers et lisiers : Ce sont des réservoirs de larves en particulier au niveau des abords. Des produits agricoles phytosanitaires larvicides peuvent être utilisés. Cependant il faut penser à l’utilisation pour la fuite du fumier comme engrais. Un enlèvement régulier du fumier est donc à préconiser. Pour les endroits où les ânes vont régulièrement déposer leurs crottins, le mieux est de les ramasser ou dans les endroits peu accessibles utiliser les traitements (lire toujours attentivement la notice d’emploi).
- Les animaux : Avec la suppression de certaines molécules, la résistance des insectes aux insecticides, la prophylaxie sanitaire reste un élément primordial. L’entretien du pelage, par brossage régulier, tonte si nécessaire, permet d’offrir aux insectes le moins de prise possible et aussi une meilleures surveillance et également une meilleure prévention médicale à plus faible dose et les insecticides ou répulsifs seront plus actifs. Les produits ayant une autorisation spécifique équin étant rares, l’utilisation de produits destinés à d’autres espèces sont utilisés, je recommande toujours de faire un essai préalable sur une petite partie du corps afin de juger la réaction parfois indésirable avant l’utilisation plus large. La protection par des filets, bonnets, tissus, reste souvent lors d’envahissement d’insectes ou de sensibilités particulières le seul moyen efficace. Vieilles méthodes mais toujours d’actualité. C’est le cas en particulier des Simulides et la protection des oreilles.
II – Traitements :
La suppression en particulier du Lindane fait que les marges de manœuvre sont plus restreintes. Néanmoins le traitement des gales, des poux ou des habronémoses restent efficaces, votre vétérinaire est là pour vous conseiller et je ne dresserai pas une liste de spécialités, mais je rappelle que tout traitement antiparasitaire n’est jamais aussi efficace que si au préalable on a préparé, nettoyé et désinfecté les lésions.