Au risque de me répéter à nouveau, je vais brosser en quelques mots les principales recommandations lorsque l’on a un âne chez soi et que l’on craint une affection. Ceci m’est dicté par les rencontres téléphoniques ou sur champ que je peux avoir avec des propriétaires qui encore et toujours me posent des questions sur la façon de reconnaître un âne malade d’un âne bien portant et n’ont toujours pas assimilé quelques principes de base.
Il est vrai qu’un âne entretenu et utilisé dans de bonnes conditions est rarement malade, mais on doit vérifier régulièrement sa santé, son état général. C’est comme cela qu’une anomalie de comportement, d’attitude, attirera plus facilement votre attention. De même, c’est comme cela qu’une anomalie physique attirera votre regard.
Parmi les points les plus faciles à examiner pour vérifier sa santé sont ceux du comportement. Un âne qui reste couché, qui s’isole du reste de ses congénères, qui boite même légèrement, qui reste campé dans une forme de raideur, doit immédiatement attirer votre attention. De même, si vous connaissez bien votre âne, vous pouvez vous apercevoir qu’il semble fatigué, ne vous accueille pas comme d’habitude et ne dresse pas les oreilles en position d’observation marquant un intérêt pour votre arrivée. Ce sont souvent les premières observations qui vont vous mettre en alerte et vous inviter à approfondir l’observation.
Tout d’abord, ayez le premier réflexe d’aller chercher une friandise qu’il dévore habituellement, un âne malade va la refuser.
Passé cette première étape d’observation, vous pouvez approfondir votre recherche en fonction des premières anomalies. Voici quelques exemples :
- Un âne essoufflé peut faire penser soit à un coup de chaleur de l’été et vous inciter à le mettre au frais, le rafraîchir avec de l’eau et en hiver, si vous savez que l’âne est sensible au froid, aller regarder ses naseaux à la recherche d’écoulements suspects et immédiatement prendre sa température rectale (normale à 37 ° – 38 °) ; petit conseil : enduisez le thermomètre d’un corps gras et faites attention au coup de pied.
- Un âne qui reste campé va avoir une démarche raide, voire impossible, c’est le cas dans la fourbure aiguë. Une boiterie ou une simple mauvaise posture du pied va souvent indiquer un abcès podal.
- Un âne qui reste couché, se regarde le flanc ou se roule, indique une phase de coliques ce qui va être une urgence dans l’intervention.
- L’observation des muqueuses est facile et souvent donne des renseignements intéressants. C’est au niveau de l’œil ou des gencives qu’il sera le plus facile d’examiner leur coloration. Une couleur rouge foncé, approchant le violet indique un état de congestion : coliques, fourbure, intoxication. Une couleur rose pâle va faire penser à une anémie et la couleur blanc porcelaine à une perte importante de sang. Une couleur jaune des muqueuses va indiquer un problème hépatique.
Les premières observations d’un âne malade vont vous permettre de renseigner au plus juste votre vétérinaire et ainsi va induire de sa part un premier diagnostic téléphonique et lui indiquer l’urgence de son intervention.
Enfin, je vous renvoie à mes articles précédents plus ou moins lointains sur l’observation du poil et de la peau par le brossage. La toison d’un âne en bonne santé doit être propre, lisse et brillante. C’est l’observation régulière qui vous permettra de découvrir la gale, la teigne, l’eczéma ou bien les verrues et les sarcoïdes débutants. De même, l’observation des crottins est un bon indicateur de l’état parasitaire par exemple. Attention à tout changement brusque de la consistance des crottins ou d’apparition d’important mucus.
Encore et toujours, je rencontre des animaux obèses, attention à l’excès de nourriture. Un âne sait tirer profit d’aliments peu riches, plus que les chevaux, et donc la suralimentation est l’un des principaux ennemis.
Asinement vôtre.
Jacques ROSET, vétérinaire
extrait du numéro 87 de l’Âne Bleu