Suivant un communiqué rédigé par le service de presse de l’EQUINE VETERINARY JOURNAL de Juin 2013, une toxine contenue dans les graines de l’ACER pseudoplatanus est la cause probable de la myopathie atypique des équidés.
Cet ACER (il y en a une cinquantaine de variétés) est parfois appelé le faux-platane ou érable sycomore, en anglais Mock-plane tree. Il a des fleurs en longues grappes pendantes en mai.
Les feuilles sont en forme de coeur (cordiformes) à cinq lobes qui se terminent en pointe effilée (acuminés) inégalement dentées, légèrement cotonneuses en dessous, le long des nervures principales. Cet arbre est très résistant aux intempéries.
La Myopathie Atypique des équidés est une maladie musculaire presque toujours fatale. Depuis quelques années, elle sévit en Europe du Nord, dont en France.
L’hiver 2011-2012 nous l’avons hélas connue au Refuge. Les séries cliniques ont tendance à se répéter à l’automne et les printemps qui suivent de grandes épidémies automnales.
Les ânes, comme les chevaux qui développent cette maladie sont en règle générale parqués dans des pâturages avec des feuilles mortes ou du bois mort, provenant d’arbres dans la pâture ou aux alentours. Ces animaux n’ont le plus souvent pas de foin à leur disposition, ni de complément alimentaire.
Sur ce dernier point, soulignons que ce n’était pas du tout le cas au Refuge (nos ânes bénéficient de foin et de compléments en toute saison): cela pourrait expliquer qu’à l’ADADA la maladie n’était pas avérée – chaque prélèvement musculaire présentait 2 critères de la maladie sur les 3 exigés, mais jamais les 2 mêmes d’un âne à l’autre – .
Une nouvelle recherche européenne a été menée par une équipe internationale dirigée par le Dr Dominique Votion de l’Université de Liège a impliqué 17 chevaux souffrant de myopathie atypique et pâturant en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas. Des concentrations élevées d’un métabolite toxique de hypoglycine A, ont été détectées dans le sérum de tous les chevaux.
Les pâturages de 12 de ces chevaux ont été visités par des botanistes expérimentés et l’Acer pseudoplatanus, l’érable sycomore, a été retrouvé dans les prairies de tous les cas. Ce fut le seul arbre à être présent de manière constante dans les pâturages visités.
Les chercheurs croient que l’hypoglycine A est la cause à la fois de la myopathie atypique en Europe et de la myopathie saisonnière du pâturage en Amérique du Nord.
L’érable sycomore et l’érable negundo sont connus pour produire des graines contenant de l’hypoglycine A et ces arbres étaient en bordure ou dans les pâturages des chevaux atteints par la première maladie en Europe et par la seconde aux Etats-Unis.
L’hypoglycine A ou hypoglycocolle A (La glycine est le plus simple des acides aminés, indispensable au métabolisme cellulaire, constituant des acides nucléiques) se trouve à différents niveaux de concentration dans les graines de plantes du genre Acer (il y en a plus de cinquante !) ainsi que dans celles d’arbres d’autres genres de la famille Sapindaceae, arbres, arbustes, arbrisseaux surtout abondants dans les régions tropicales comme l’ackee (Blighia sa- pida). Dans l’akène, les niveaux d’hypoglycine A varient avec le degré de maturité du fruit et si le fruit est consommé avant qu’il ne soit mature, il provoque chez l’humain (en raison de l’utilisation de l’akène dans la cuisine jamaïcaine) une hypo glycémie et une maladie appelée « maladie des vomissements jamaïcaine » qui se solde par la mort.
Les chercheurs des universités du Minnesota et de Liège poursuivent leurs travaux pour tenter de découvrir avec précision comment la maladie équine se produit. En discutant des recherches en cours là-bas, le Dr Adrian Hegeman et le Dr Jeff Gillman de l’université du Minnesota font remarquer qu’ « il est probable que les facteurs les plus importants pour que les chevaux deviennent empoisonnés par hypoglycine A soient la disponibilité des graines d’érables dans la pâture combinée avec l’absence d’autres options alimentaires. Les graines de deux espèces d’érables (l’érable sycomore et l’érable negundo) testées comprenaient des quantités importantes d’hypoglycine A. Nous savons que les graines contiennent des quantités très variables de graine à graine, même au sein d’un même arbre. Nous ne savons pas encore comment les niveaux d’hypoglycine A varient en cours de saison et nous ne connaissons pas non plus comment cette quantité varie avec les différents stress que subissent la plante. Cette variabilité dans les niveaux de toxicité pourrait expliquer la variabilité saisonnière dans la survenue de la maladie. A ce stade, nous ne le savons tout simplement pas. Cependant, il est connu qu’un arbre stressé produit généralement plus de graines ».
Le Professeur Célia Marr, rédactrice en chef de l’Equine Veterinary Journal a déclaré : « Il s’agit d’une avancée importante dans notre compréhension de ce qui cause la Myopathie atypique et de ses moyens de prévention. En terme de prévention immédiate, les propriétaires de chevaux (et d’ânes) peuvent prendre rapidement des mesures pour éviter d’exposer leurs chevaux aux graines des érables sycomores et negundos cet automne. Lorsque ces animaux paissent avec ces arbres dans les environs, il est impératif qu’ils reçoivent une alimentation complémentaire suffisante, ce qui réduira le risque que les chevaux soient tentés d’ingérer des graines contenant la toxine. L’apport de compléments alimentaires doit être judicieux et il sera préférable de donner des concentrés riches en glucide plutôt que de mettre du foin à disposition au sol.
Ce que l’on fait depuis l’automne 2012 à l’ADADA ! Voyez les chroniques sur le Refuge.
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Extrait du numéro 91 de la Revue de l’Âne Bleu