À l’ADADA, depuis toujours, nous mettons en garde les propriétaires et les futurs propriétaires d’ânes contre le danger des plantes toxiques. Une tradition populaire dit que l’âne est un bon herboriste. C’est vrai, et c’est faux.
C’est vrai, car dans la nature, abondante, il sait choisir son alimentation, aussi bien sur le plan nutritif que gustatif. Mais, dès que l’herbe est rare, avec la faim il mange tout ; et il aime ronger, vous le voyez à sa cabane en bois…
Il faut être vigilant, en particulier en randonnée, car il a vite fait de couper avec sa mâchoire puissante une branche qui dépasse d’une haie, et, si c’est une plante toxique qu’il mâchonne, il risque de lui arriver malheur.
Dans son pré, ayant une telle confiance en l’homme, il mange tout ce qu’on lui donne. Et c’est souvent le cas – hélas vérifié avec une ânesse adoptée dans une belle auberge campagnarde – avec les coupes d’élagage de haie décorative.
Cette ânesse, habituée à la clientèle, a ingéré des branches d’if que l’homme d’entretien a jeté dans son pré après avoir taillé une haie.
Depuis des années, régulièrement, Jacques ROSET, vous met en garde dans votre revue contre les plantes toxiques.
Pourtant, chaque année, plusieurs d’entre-vous constatent le décès, subit ou après de longues souffrances, par empoisonnement de plantes de leur âne, particulièrement par l’If et le Séneçon de Jacobée (mais il y en a beaucoup d’autres, vous pourrez même en trouver dans le foin car souvent elles ne perdent pas leur toxicité séchées).
Nous avons voulu en savoir plus sur l’If. Dans les ouvrages scientifiques il est souvent connu sous son nom latin : TAXUS, que donne Michel MILLECAMPS dans son ouvrage.
G. NICHOLSON et S. MOTTET, dans leur « Dictionnaire pratique d’Horticulture et de Jardinage », à la Librairie des sciences et des arts – éditions G. DOIN et Cie (1938), présentant ainsi l’If : TAXUS (ancien nom latin de l’If, employé par Virgile et Pline et voisin du mot grec Taxos, dont s’est servi Dioscorides ; certains auteurs le font dériver de toxicus ou taxicus, poison ; allusion aux propriétés vénéneuses de ces arbres). ; Angl. Yew, Syn. Vera-toxus, Senil, Fam. Conifères. Genre ne comprenant que six à huit espèces (probablement des variétés d’une seule) de petits arbres ou rarement des arbrisseaux rustiques et toujours verts, dispersés dans les régions tempérées de l’hémisphère septentrional.
Rameau florifère vu en dessous ; cône mâle, avant et pendant l’anthèse ; anthères, ayant et pendant leur déhiscence ; fleur femelle, jeune et coupée longitud. ; fruit jeune, complètement développé et coupé longitud. , pour montrer l’arille qui l’entoure et l’embryon.
Fleurs dioïques ; les mâles en petits chatons entourés d’écailles sub-sessiles à l’aisselle des feuilles ; les femelles solitaires ou très rarement réunies par deux trois et également axillaires ; Fruit ou cône solitaire et monosperme, de forme très particulière ; la graine est en effet nue, entourée à la base d’une sorte de cupule ou arille charnue, rouge, douceâtre et comestible.
Feuilles persistantes, linéaires, planes, souvent arquées, très courtement pétiolées, ordinairement distiques et étalées, mais presque insérées en spirale sur les rameaux.
Historique: L’if est indigène en Europe et « d’antiquité géologique ». Il formait une partie des forêts de l’Angleterre à une période préhistorique….
Le bois de l’if est dur et compact, mais néanmoins élastique et flexible et s’employait beaucoup dans l’ancien temps pour fabriquer les arcs. Toutes ses parties vertes sont fortement vénéneuses pour l’homme et les animaux ; il faut en conséquence prendre soin que les enfants et les animaux n’y touchent pas et éviter aussi d’en laisser séjourner des fragments dans les abreuvoirs, car les mêmes effets pernicieux ne manqueraient pas de se produire si l’eau en était assez fortement saturée.
Jean-Michel MILLECAMPS décrit ainsi l’if : il est un arbre qui peut atteindre de 5 à 15 mètres de hauteur. Il ressemble au sapin mais ne produit pas de résine.
Les aiguilles sont plates et pointues, de couleur vert foncé et brillantes d’un côté et vert pâle de l’autre. Des baies rouges sont présentes à la fin de l’été et à l’automne.
L’autre plante souvent décriée par les personnes qui nous signalent des morts par intoxication est le Séneçon de Jacobée.
Son effet est lent et entraîne une sorte de cyrhose du foie. Jean-Michel MILLECAMPS classe cette plante parmi les végétaux dangereux, classification qui arrive juste après les végétaux mortels (dont l’if).
Il y aurait de part le monde neuf cent soixante espèces de Séneçon, abondantes surtout dans les régions tempérées et montagneuses.
En France, il y en aurait environ trente cinq, quelques unes sont très communes, dont celle qui nous intéresse, le Seneccio vulgaris, séneçon de Jacob ou de Jacobée. Il abonde et est très « ennuyeux » dans les cultures disent, sans autres précisions, NICHOLSON et MOTTET dans leurs dictionnaire.
On le trouve généralement dans les friches, le long des chemins (attention en randonnée), dans des prés délaissés. Mais, il est peut très rapidement envahir une pâture, c’est le cas, par exemple, lors des remembrements agricoles : on arrache les haies, déplace les caniveaux, on défonce des chemins ancestraux, on en crée de nouveaux, on remue et déplace beaucoup de terre.
Ce séneçon peut atteindre un bon mètre de hauteur. Sa tige est rougeâtre, dure et striée. Petit, il ressemble à un pissenlit très dentelé. Les fleurs, jaunes, abondantes, en capitules, sont serrées les unes contre les autres.
Il est très difficile de débarrasser un pré infesté de ce fléau. En 2005 (L’Ane BLEU n° 59) l’ADADA avait demandé conseil à la DDA du Puy-de-Dôme à ce sujet. En cas d’invasion de Séneçon de Jacobée traiter complètement le pré (et le pourtour extérieur si c’est possible : fossé, talus, chemin…) avec un désherbant de type 2,4-D, pour dicotylédone sur prairie permanente, attendre 2 à 3 semaines, et ressemer de suite à la volée, si la saison le permet.
Dès l’apparition des premiers plants dans une pâture, n’hésitez pas à prendre un piochon et à les arracher. Brûlez-les.
extrait du numéro 77 de l’Âne Bleu