Avec l’arrivée du printemps, c’est aussi l’arrivée du plus grand nombre de naissances. En lisant un communiqué d’information sur l’immunité des jeunes équins (chevaux) du Laboratoire MÉRIAL (juin 2011), j’ai pensé intéressant de vous faire un point sur le sujet.
Il y a deux types d’immunité, une passive apportée par le colostrum et une activité acquise au cours de la vie ou induite par la vaccination.
Immunité passive :
L’immunité passive est apportée par la prise du colostrum (premier lait) qui contient des immunoglobulines qui apportent une efficacité maximum les 3 ou 4 premières semaines pour s’estomper progressivement et disparaître au bout de 5 mois. Cette immunité passive naturelle peur se compléter par une sérothérapie spécifique pour le tétanos ou les maladies néonatales (diarrhées) d’une durée de 3 semaines. L’immunité passive par le colostrum sera d’autant plus efficace que celui-ci sera de très bonne qualité, en quantité suffisante et absorbé le plus rapidement possible.
La période d’efficacité est très courte et l’absorption doit se faire dès la naissance et dans les 12 heures qui suivent.
La surveillance de la prise est primordiale. En effet, un colostrum de bonne qualité contient 60 g/l d’IgG, on verra tomber au bout de 8 heures son taux à 15 % du taux initial. La quantité normalement absorbée doit être de 1 litre à 1 litre et demi pour les poulains, donc à extrapoler pour les ânons plus petits.
Il est possible de tirer le colostrum et aussi de le conserver à – 18 ° en vue d’une absorption artificielle sachant que l’on peut mesurer le taux dans le sang du jeune 24 h après la naissance.
Mais l’absorption pour être efficace est très limitée dans le temps car le renouvellement de l’épithélium intestinal fait que l’intestin ne pourra plus absorber les immunoglobulines colostrales après 24 h suivant la naissance.
La protection passive diminue au cours du temps pour disparaître totalement à cinq mois. Elle est relayée par la protection active.
Le colostrum sera d’autant de grande qualité que la mère sera en excellente santé, bien vaccinée et surtout pendant la gestation déparasitée, car une ânesse parasitée va mobiliser ses défenses pour lutter contre le parasitisme et donc appauvrir le colostrum en immunoglobulines.
Par ailleurs, il est important de savoir que la qualité du colostrum se détériore avec l’âge des ânesses. Ce qui me conforte pour dire aux éleveurs que les ânesses doivent être assez rapidement sorties de la reproduction, même si, comme il se doit, elles n’ont pas annoné systématiquement tous les ans. Amis éleveurs, respectez nos amies aux grandes oreilles, ce ne sont pas des machines à reproduire.
L’Immunité active :
L’immunité active va s’acquérir naturellement par contact avec des agents infectieux et création d’anticorps post-infectieux. Ce contact sera d’autant moins néfaste que le colostrum absorbé aura été riche et ainsi l’ânon pourra faire sa propre vaccination (tétanos, grippe) spécifique.
Il est recommandé de débuter les vaccinations à l’âge de 5 mois pour la grippe équine et le tétanos qui restent les maladies les plus répandues en particulier avec le vaccin Proteqflu-Te injecté en intramusculaire dans l’encolure avec des rappels au bout de 4 à 6 semaines pour la primovaccination.
Votre vétérinaire vous indiquera le planning de la suite, ce planning doit être noté pour ne pas être oublié.
Ce vaccin Proteqflu associe une souche américaine et une souche européenne et reste en phase avec l’épidémiologie de terrain. Il est commercialisé par le laboratoire MÉRIAL.
Si l’on examine les courbes du taux d’anticorps par immunité passive et immunité active, on s’aperçoit qu’il y a une période entre 1 mois et 3 mois où l’ânon se trouve avec un taux d’immunoglobulines inférieur au seuil de protection, ce qui induit une surveillance particulière pour cette période de sensibilité à risque et une réaction rapide en cas de problèmes.
Conclusion
La future santé du jeune passe incontestablement par l’immunité transmise par le colostrum. Les premières prises de colostrum sont donc primordiales. Elles se font naturellement car dès la naissance l’ânon se met rapidement debout et va téter. Notre rôle est de surveiller la capacité de la mère à allaiter et à laisser téter son petit, afin de pouvoir réagir immédiatement en cas de non prise du colostrum. Lors de la surveillance de la mise-bas, il n’est pas recommandé de tirer du lait trop souvent car on diminue automatiquement la quantité du colostrum et enfin, je rappelle qu’une ânesse en bonne santé et relativement jeune est la meilleure garantie que l’immunité passive par le colostrum soit de grande qualité.
La vaccination vient conforter l’immunité pour des affections spécifiques. Je rappelle que la vaccination « grippe » et « tétanos » doit être systématique et se poursuivre dans le temps.
D’autres vaccinations telle que celles contre la rhinopneumonie qui mérite une attention particulière pour sa forme nerveuse, seront préconisées en cas d’épidémie par votre vétérinaire.
Asinement vôtre.
Jacques ROSET, vétérinaire
extrait du numéro 85 de l’Âne Bleu