Lors de mon dernier article consacré à la visite d’une consoeur vétérinaire, Karen RICHARDS du DONKEY SANCTUARY, je vous ai particulièrement alerté sur l’examen des dents systématique qu’elle pratiquait sur tous les ânes que nous avions examinés et qui présentaient des symptômes non spécifiques d’une affection précise mais plutôt des signes d’amaigrissement, de mauvaise allure du pelage etc…
Depuis j’ai été amené à me rendre auprès d’une ânesse d’environ 18 ans qui présentait des signes d’amaigrissement avec perte de masse musculaire au niveau de l’arrière train et cela accompagné de déshydratation cutanée (peau collée). La propriétaire avait eu le réflexe de vermifuger et de distribuer un complément alimentaire sérieux.
J’ai tout de suite conseillé l’intervention d’une dentiste car aucun signe de maladie n’avait attiré mon attention à part un aspect de la dentition dégradé mais difficile d’accès sans outillage particulier.
J’ai pu rencontrer la dentiste immédiatement après son intervention qui avait été difficile, malgré la bonne volonté de l’ânesse. Le diagnostic a confirmé un état de grande dégradation de la dentition avec d’importantes parodontites.
De même, j’avais été alerté par le comportement d’un de mes ânes qui avait des mouvements inhabituels de la mâchoire lors de la mastication du foin et qui « chipotait » au lieu d’attaquer franchement le foin fraîchement servi.
Cela m’a fait prendre rendez-vous avec la dentiste pour l’examen de mes quatre ânes, que j’avais fait à la légère moi-même et à ma grande honte, sans l’attention nécessaire. Il s’est avéré que mes quatre ânes avaient des problèmes, en particulier de surdents et mon hongre qui avait attiré mon attention était porteur d’anomalie dentaire,
notamment la découverte de deux énormes crochets, ce qui expliquait son comportement lors de la mastication.
Ces deux exemples m’ont permis de prendre conscience que l’examen de la dentition est INDISPENSABLE sur tous les ânes et ce d’une manière régulière.
De ce fait, je me suis replongé dans mes connaissances et celles que ma dentiste m’a apportées.
Cela m’a incité à écrire un article sur le suivi dentairedes équidés : Pourquoi il est indispensable ?
Quels sont les signes qui peuvent faire penser à un problème ? Quels sont les principaux problèmes ?
I – Évolution de la dentition
La dentition de l’âne (comme de tous les équidés) évolue au cours de l’âge. Avec une période d’apparition des dents, de remplacement des dents de lait par les dents d’adultes pour arriver dans les cas normaux à 5 ans à une « bouche faite », c’est-à-dire des dents adultes parfaitement planes et superposées entre la mâchoire supérieure et la mâchoire inférieure parfaitement visible sur les incisives.
L’âne comme le cheval présente une particularité, c’est que l’éruption des dents dans la cavité buccale se prolonge dans le temps et compensel’usure des dents due à la mastication. Les dents sortent environ de 2 à 3 mm par an, et ne sont pas compensées par l’usure d’une manière complète même si le foin est ligneux (ce qui est toujours une recommandation pour nos amis à longues oreilles) mais cette usure est toujours incomplète car les dents supérieures et inférieures ne se chevauchent pas à 100 %, ce qui entraîne systématiquementl’apparition, sur le côté latéral des dents, de pointes d’émail acérées que l’on appelle des « surdents » et qui blessent les joues, la langue et limitent le mouvement latéral de la mâchoire inférieure au cours de la mastication.
II – Les problèmes dentaires les plus fréquents
Les « surdents » sont donc des problèmes permanents, qui, non traités, peuvent entraîner des lésions importantes surtout au fur et à mesure de la vie de l’âne. Les pathologies fréquentes peuvent être dues à des apparitions de crochets antérieurs ou postérieurs ainsi que des « dents de scie » ou mauvaise implantation de la « dent de loup »
Ces pathologies entraînent très souvent des affections de la gencive, des pertes de dents, avec l’apparition fréquente de poches inflammatoires (des parodontites) très douloureuses. D’autres anomalies peuvent être décrites sur les incisives lors d’usures asymétriques, incisives cassées les caries, ou enfin des défauts de mâchoires ne se superposant pas.
III – Quelques signes qui doivent faire penser à un problème dentaire
Signe général de perte de son état, amaigrissement, poil terne. Mange lentement, semble gêné pendant la mastication avec des mouvements sur le côté de la mâchoire. Rejets d’aliments, bave.Odeur désagréable, voire putride de l’haleine.Ecoulement nasal avec gonflement facial.
Examen des crottins avec rejets de fibres longues ou céréales non digérées.
CONCLUSION
On oublie trop que l’examen dentaire est indispensable.
On oublie trop que la digestion est facilitée par une bonne mastication.
Avant de faire des examens complexes en cas de signes que je vous ai énoncés, allons voir les dents comme avant toute chose concernant une boiterie, on examine le pied.
Merci à Véronique LANCRENON, dentiste de mes ânes, d’avoir mis à ma disposition quelques documents illustrés qui facilitent les explications.
Asinement vôtre
Jacques ROSET