Encore appelée myoglobinurie atypique, la myopathie atypique des équidés de connaissance relativement récente est une maladie des équidés qui sont au pâturage la majeure partie de leur temps.
Actuellement la cause de cette affection est inconnue même si plusieurs hypothèses ont été avancées.
La cause virale semble totalement écartée, causes nutritionnelles (manque de sélénium) ? absorption de certains antibiotiques ? avec une piste actuellement privilégiée : la présence d’une bactérie « clostridium sordelli » productrice de toxines d’origine environnementale altérant le métabolisme énergétique. La similitude avec la maladie dite myopathie saisonnière aux Etats-Unis ou la cause toxinique avancée semble confirmée.
Les symptômes de cette myopathie sont : faiblesse, raideur, difficultés de se déplacer, difficulté à se relever, tremblements musculaires, urine foncée, respiration difficile et température basse inférieure à 37°. Le tout pouvant être accompagné de sudation.
Le taux de mortalité est très élevé, surtout chez les jeunes et les animaux âgés. Les facteurs pronostiques de survie sont la faculté de rester debout, l’absence de difficultés respiratoires et une coloration des muqueuses qui reste normale.
Les animaux survivants resteraient sans séquelles.
La cause étant inconnue, il n’y a pas de traitement curatif spécifique. On ne peut donc qu’envisager un traitement symptomatique et définir des mesures préventives.
Le traitement symptomatique va consister à limiter la douleur et les lésions associées à la destruction musculaire. En même temps corriger les désordres acido basiques et électrolytiques par l’application de perfusions appropriées. De même pour éviter un refroidissement corporel trop important, couvrir l’animal et lui fournir des décoctions énergétiques (avec Sélénium et Vitamine E). Enfin, dans l’hypothèse actuelle d’action d’un Clostridium, lutter contre un tel type d’infection.
Des mesures préventives, en attendant un éventuel vaccin, peuvent être préconisées :
- Rentrer au sec les jeunes et les vieux,
- Vacciner et vermifuger,
- Éviter les prairies en zone humide, supprimer toute moisissure et donner des concentrés avec du Sélénium et de la Vitamine E, sans oublier de mettre à disposition des pierres à lécher vitaminées,
- Penser à éviter en automne surtout les prairies insuffisamment enherbées.
Certains facteurs de risques ont été décrits : prairie en pente, présence d’arbres, humidité, vent et coup de froid.
Le résumé que je viens de faire sur la myopathie atypique avec des mesures préventives m’ont fait penser à vous renouveler quelques conseils pour le printemps 2024 :
Nous venons de subir une très forte pluviométrie avec des prairies qui n’absorbent plus l’eau et laisse présager des conditions favorables pour une recrudescence parasitaire accompagnée vraisemblablement d’une pousse d’herbe généreuse.
Alors que je ne suis pas systématiquement prescripteur de vermifugations, là nous aurons les conditions qui doivent, dans une lutte raisonnée, nous inciter à être rigoureux sur une bonne vermifugation, avec rappel au bout d’un mois à un mois et demi si les conditions humides persistent. Votre vétérinaire vous indiquera le traitement le plus approprié. Attention aux ânesses dans le dernier tiers de la gestation pour lesquelles ne doivent pas être utilisé n’importe quels produits. De même, il faudra surveiller les sujets amaigris qui risquent d’être fortement infestés et peuvent présenter des chocs anaphylactiques.
Le printemps peut être aussi une saison propice à la grippe équine, pensez à ressortir le carnet de vaccination.
Pensez aussi qu’au printemps et notamment en cas de pousse herbeuse abondante il faut éviter les possibles « chocs alimentaires » en particulier pour les animaux qui restent enfermés tout l’hiver et nourris exclusivement au foin. Une période de transition est à respecter impérativement en n’accordant qu’un « bon de sortie » progressif et en continuant l’administration de foin.
Pour les ânes vivant toute l’année à l’extérieur, continuez à leur donner pendant trois semaines un complément de fourrage.
J’ai déjà formulé ces conseils de printemps mais il n’est jamais de trop de les rappeler car on oublie trop souvent des choses simples. N’oublions pas que nous avons à faire à des gros gourmands !
Asinement vôtre.
Jacques ROSET, vétérinaire
extrait de l’Âne Bleu