1ère partie : Origine et Réaction
Sous le terme de coliques se cache un syndrome de » mal de ventre » non lié spécifiquement à l’apparition de diarrhée, car dans de nombreux cas cette dernière n’est pas présente. Ce sont plus, constipation et blocage, qui occasionnent l’apparition de coliques.
Elles se caractérisent par des douleurs abdominales d’intensité variable, d’origine diverse (gastrique, intestinale…) aggravées par des spasmes réactionnels. Le système neuro végétatif des équins est particulièrement sensible même si nos ânes sont moins démonstratifs.
Si le degré de manifestations est variable on a l’habitude de distinguer deux sortes de coliques :
- Les coliques légères : L’animal gratte le sol avec les pattes avant et se couche régulièrement en s’éloignant de ses congénères et de son propriétaire. Il a tendance à se cacher.
- Les coliques aiguës : L’animal est agité, se lève, se couche et se roule. En même temps apparaissent abrutissement, frissons musculaires. Le tout est accompagné d’une anomalie du rythme cardiaque et du rythme respiratoire. Dans les cas les plus extrêmes, l’animal se débat et peut se blesser grièvement.
I – L’ORIGINE DES COLIQUES
- Les coliques gastriques : Elles peuvent être occasionnées par une erreur de distribution d’eau ou un excès de concentrés entraînant une indigestion avec dilatation et congestion de l’estomac.
- Les coliques d’obstruction intestinale : Elles sont favorisées par des aliments trop peu mastiqués ou l’ingestion de terre, de sable, de fragments de caoutchouc ou abus d’ingestion de bois.
- Les coliques d’eau : Elle se produisent lors d’ingestion d’eau trop froide après un travail par temps chaud.
- Les coliques de Stase : Elles sont liées la plupart du temps à ingestion excessive de légumineuses qui provoquent une météorisation caecale avec blocage du transit. De même les perturbations microbiennes du caecum et de l’intestin sont une cause majeure des coliques. Une ration trop riche en glucides ou une suralimentation azotée sont à l’origine de graves perturbations de fermentations microbiennes.
- Les coliques diarrhéiques : Les traitements antibiotiques par voie orale peuvent sélectionner des genres résistants et entraîner l’aggravation des diarrhées banales. De même les parasites gastriques intestinaux sont souvent à l’origine, par irritation de la muqueuse, de diarrhées. Ces deux types de diarrhées sont sujets à coliques.
- Les coliques de stress : Certains animaux sont appelés des » coliquards « . Particulièrement sensibles au stress, ils sont sujets au mal de ventre suite aux transports, aux frayeurs, au vent. Dans notre région du midi, le vent d’autan est un élément favorisant l’apparition des coliques.
- Les coliques d’origines mécaniques : En dehors de corps étrangers, on peut voir apparaître lors de roulades normales, une torsion intestinale brutale, ce qui est assez rare. En effet, volvulus ou invagination sont constatés dans la plupart des cas qu’après une première phase de mal de ventre. De même, des coliques peuvent être dues chez l’ânesse gestante aux mouvements de la matrice.
II – QUE FAIRE EN FACE D’UN ÂNE ATTEINT DE COLIQUES ?
L’OBSERVATION QUOTIDIENNE DES ANIMAUX EST INDISPENSABLE
car l’intervention du vétérinaire doit se faire en urgence. Si vous vous absentez, pensez toujours à avoir quelqu’un qui vienne tous les jours examiner vos ânes (une à deux fois par jour, voire plus pour les coliquards).
En attendant l’arrivée du vétérinaire, évitez que votre âne ne se roule, en le faisant doucement marcher, ceci afin d’éviter que les mouvements de l’intestin ne provoquent une occlusion.
Si vous ne disposez pas de box sécurisé (assez grand et aux parois protégées), il vaut mieux le maintenir à l’extérieur sur un terrain souple. Ne rien lui faire ingérer de force, mais laissez de l’eau à disposition.
2ème partie : Traitements curatifs et préventifs
III – LES TRAITEMENTS CURATIFS
Suivant l’origine des coliques, des traitements différents sont appliqués :
- Dans le cas de surcharge gastrique : Un lavage d’estomac par sonde naso-oesophagienne peut être envisagé.
- Dans le cas de stase sans surcharge gastrique : On peut toujours, à l’aide d’une sonde, utiliser les laxatifs (huile de paraffine) ou purgatifs (sulfate de magnésie, sulfate de soude).
- Dans tous les cas, les tranquillisants et antispasmodiques sont utilisés. De même, il est recommandé, pour combattre l’inflammation des muqueuses, d’intervenir avec des anti-inflammatoires comme le Finadyne et, pour combattre la douleur, des sédatifs et analgésiques comme le Domosedan.
LA DIETE EST TOUJOURS DE RIGUEUR PENDANT 24 HEURES ET LA REPRISE DE L’ALIMENTATION DOIT SE FAIRE PROGRESSIVEMENT.
IV – LES TRAITEMENTS PREVENTIFS
C’est avant tout l’hygiène de l’alimentation.
Il faut :
- Assurer des transitions lors de changements d’alimentation
- Si un travail important est demandé, bien fractionner la distribution de l’aliment.
- Prévoir un abreuvement régulier, pas trop froid si possible.
- L’âne supporte mieux que le cheval les fourrages un peu ligneux, mais il ne faut pas exagérer.
- Éviter les excès de glucides (Céréales), de protéines (tourteaux). En ce qui concerne les céréales, proscrire le blé.
- Distribuer des aliments suffisamment riches en cellulose (17 à 18) pour éviter la stase abdominale et favoriser les productions microbiennes. Faire très attention aux aliments moisis (notamment le fourrage), rances ou mal conservés.
LE RESPECT D’UNE BONNE HYGIENE ALIMENTAIRE EST PRIMORDIAL DANS LA PREVENTION DES COLIQUES.
L’OBSERVATION DE TOUTES LES RECOMMANDATIONS DIÉTÉTIQUES POUR VOS ANES, QUE NOUS SOMMES NOMBREUX À PRECONISER, EST ESSENTIELLE…
« L’ANE EST UN HERBIVORE «
Le suivi de ses aliments et de son abreuvement est fondamental. L’apparition des coliques est toujours une menace pour votre animal et l’intervention d’un vétérinaire est impérative.
Enfin le déparasitage systématique est particulièrement recommandé pour la prévention des coliques inflammatoires suite aux agressions des parasites.
Âsinement votre
Jacques ROSET
« Toute souffrance abdominale s’appelle colique. Nous entendons ici par ce mot des signes de souffrance siégeant dans un des compartiments abdominaux du tube digestif : estomac, intestin grêle, cœcum, côlon. Mais il y a aussi des coliques hépatiques, rénales, vésicales, utérines. En principe, quand un âne ou un mulet a des coliques de nature indéterminée, le plus sage est de le conduire aussitôt chez le vétérinaire. Ajoutons que, d’une manière générale, les breuvages, quels qu’ils soient sont plus nuisibles qu’utiles ; mais les lavements et les frictions sèches sur tout le corps et, en particulier sur l’abdomen, soulagent souvent les malades. Il est dans la colique un signe pronostique qui, pour nous, a la plus grande importance : si un sujet affecté de coliques conserve la souplesse des reins, la maladie est peu grave et guérit presque certainement; si au contraire les reins sont inflexibles au pincement, on peut souvent prévoir une issue fatale »
Page 59 de « L’Âne et les Mulets » édité en 1908
(voir Ane Bleu n° 40)