Suite à un courrier reçu d’une adhérente, je reviens vers vous pour écrire sur le parasitisme interne : strongles intestinaux, dictyocaules, ascaris, etc.
Comme je l’ai déjà décrit, il s’agit essentiellement de bien comprendre que le parasitisme est une affaire avant tout d’équilibre en l’âne et le parasite.
Donc, il ne faut pas avoir pour objectif, sauf exception : ZÉRO PARASITE.
Aussi, c’est dans l’appréciation de cet équilibre que l’on doit appréhender chaque protocole de vermifugation.
Je n’ai pas trouvé de document précis pour vous donner des chiffres de tolérance et chaque analyse coprologique doit être appréciée par votre vétérinaire. L’interprétation des résultats est fonction de la nature des parasites, de son stade d’évolution (adultes, œufs, larves).
En ce qui concerne la nature du parasite, citons par exemple le cas des dictyocaules pour lesquels l’âne est plus résistant que le cheval. Citons également le cas de la douve, fréquente chez les bovins et les ovins, et pour laquelle la tolérance est zéro chez les ânes.
La tolérance varie également en fonction de l’âge des ânes : par exemple, on peut être plus tolérant en présence d’ascaris pour les adultes et beaucoup moins pour les jeunes. En ce qui concerne l’appréciation chiffrée de la quantité d’œufs présents dans une coprologie, on peut estimer que la présence de 180 œufs de Trichostrongylus axei ne nécessite pas vraiment d’envisager un traitement spécifique. Par contre, la présence de plus de 500 œufs est une indication pour instaurer une thérapie.
Enfin, il reste le propre équilibre particulier de chaque sujet et également la prise en compte de l’état général de chaque âne pour mettre en place ou non un traitement.
Les traitements sont donc à adapter en fonction de l’appréciation des risques.
Comme je l’ai déjà écrit plusieurs fois, si les traitements chimiques restent nécessaires en cas d’infestation importante mettant en danger la santé de votre âne, on peut revenir sur les habitudes de facilité qui consistent à traiter systématiquement et conduisent ainsi à créer des résistances des parasites, comme hélas, cela s’est produit avec les antibiotiques à l’égard des microbes.
Dans sa lettre du 29/12/09, Mme Danielle Reumaux, adhérente de l’ADADA, m’a fait parvenir – et je l’en remercie vivement – une fiche technique concernant des traitements antiparasitaires faisant appel à l’utilisation de plantes, citant en particulier l’utilisation d’un mélange d’absinthe, d’ail et de bourdaine. L’expérience décrite par Mme Reumaux m’a paru intéressante car elle s’appuie sur des analyses coprologiques avant et après traitement. Ces analyses ont montré la diminution par trois du nombre des strongles intestinaux présents. Il est exact que l’on peut trouver de nombreuses utilisations de plantes pour les traitements antiparasitaires sous forme de poudre ou d’huile essentielle. Mme Reumaux a trouvé ces indications sur le site suivant : gardiabacqueraphael.e-monsite.com.
Mon avis est que ce sont des pistes intéressantes pour instaurer des traitements prophylactiques ou lorsque l’on est en limite de tolérance dans l’équilibre âne-parasite. Cependant, produit naturel ne signifie pas produit à innocuité parfaite. Il faut toujours être prudent et respecter les préconisations, comme pas exemple pour les huiles essentielles, qui peuvent être irritantes et qui ne doivent pas être utilisées à l’état pur.
Enfin, je rappelle que la prophylaxie sanitaire (rotation des pâturages, ramassage des crottins, drainage des terrains, etc.) reste essentielle.
Si l’appel à la coprologie est la méthode la plus fiable pour apprécier l’état parasitaire de nos ânes, l’examen visuel reste important : état général de l’animal, aspect du pelage et des crottins. Des crottins secs, séparés, sont le signe qu’il n’y a pas de présence importante de parasites intestinaux. En revanche, des crottins agglutinés et ramollis sont des signes de présence parasitaire trop importante.
Âsinement vôtre,
Jacques ROSET, vétérinaire