Attention, comme le cheval, l’âne a une bouche. Elle est fragile et sensible, et la douleur que peuvent engendrer un mors trop dur, ou une main trop sévère, peut suffire à rendre un âne rétif, et à lui faire trouver des défenses qu’il sera difficile de lui faire passer par la suite.
I – CHOIX DE LA VOITURE
Deux roues ou quatre roues ? Utilisez toujours une voiture deux roues avec freins pendant la période d’éducation.
II – CHOIX DU HARNAIS
1 – Collier ou bricole ?
Le choix du harnais dépend du travail que vous voulez demander à votre âne. Pour de gros travaux comme le labour, le débardage, ou le maraîchage, on utilisera un collier. Pour l’attelage de loisir, on adoptera plutôt la bricole.
2 – Choix du mors :
Pour la sécurité, il est important d’utiliser du matériel adapté, et en bon état.
Dans un premier temps, mettre un mors dit « BAUCHET ». Par la suite, en fonction de la sensibilité de la bouche, mettre un mors dit « COUP DE POING » qui est le plus utilisé en attelage.
La taille de l’embouchure doit être adaptée à la largeur de la bouche. La taille la plus fréquemment employée pour les ânes est entre 12 et 15 cm. Il est préférable de mesurer la largeur de la bouche.
Chaque animal réagit différemment en fonction de l’embouchure, c’est à vous de trouver celle qui lui convient le mieux.
III – RÉGLAGE ET MISE EN PLACE DU HARNAIS
– Première séance
Pour la première séance, lui mettre un mors brisé « Bauchet ». Le mettre délicatement, en tenant le mors dans la main gauche, et en passant le pouce au niveau de la commissure des lèvres. La main droite tenant la bride par la têtière. Le mors agit sur les barres de la bouche (espaces libres entre les dents) ce qui permet de le diriger en utilisant la sensibilité de ses gencives. Ajouter sur la bride une muserolle « croisée, pour empêcher d’ouvrir la bouche, sinon il s’amuse à passer sa langue sur le mors, et cela devient une défense. En même temps, faire le pansage, prendre les pieds, lui rajouter une grelottière.
Ce travail a pour but de faire accepter sans contrainte, la présence du mors dans sa bouche. Durée de la séance : une demi-heure. Refaire la même séance le lendemain.
– Réglage de la hauteur du mors dans la bouche de l’âne.
Le mors doit être en contact avec les commissures des lèvres sans les comprimer. Il ne doit pas faire apparaître plus de deux plissures aux commissures des lèvres.
C’est en réglant la longueur des montants du filet que vous réglez la hauteur du mors.
Attention !!! : Un mauvais réglage peut entraîner des blessures.
– Réglage de la muserolle croisée :
Elle se croise sur le chanfrein et s’ajuste en avant du canon du filet, pour éviter qu’il passe la langue sur le mors (C’est un gros défaut que les ânes ont), ce qui aurait pour effet de rendre difficile l’obéissance aux ordres. (Arrêts, changements de direction, etc…)
Tout le monde n’est pas d’accord sur ce principe, mais l’attelage étant plus dangereux que la monte, personnellement, je privilégie la sécurité.
Libre à vous de choisir.
Pour les travaux agricoles, il est préférable de la supprimer.
IV – TRAVAIL A LA LONGE :
1 – Mise en place de la longe :
Pour faire tourner en longe à gauche passe le bout de la longe dans l’anneau gauche du mors pour aller accrocher l’anneau droit du mors en passant la longe au dessus de la têtière (voir photos).
Pour tourner à droite faire l’inverse.
2 – Position du longeur :
Pour tourner à main gauche, le longeur doit tenir la longe dans la main gauche, à hauteur de la bouche de l’âne, sans l’entourer autour du poignet, (réflexe extrêmement dangereux), et l’extrémité dans la main droite ainsi que le fouet.
L’âne doit décrire un grand cercle, et le meneur un cercle plus petit, en se tenant à la hauteur de sa hanche. La longe doit rester tendue pour ne pas toucher le sol.
3 – Travail à la longe :
Ce travail a pour but d’assouplir l’âne, de lui donner le « respect de l’homme », en lui apprenant à obéir à la voix. Lui donner des indications « Hue » ou « marcher » pour avancer « Ho ! Ho ! La ! » pour arrêter. Il faut prendre l’habitude de récompenser l’âne, surtout lorsqu’il a compris ces ordres, (caresses, carottes, etc…). Pour obtenir un bon résultat, il faut que l’âne soit en confiance avec son maître. Pratiquer par petites étapes.
On comprendra donc facilement, qu’une sage et lente progression s’impose. Travailler 10 à 15 minutes à main gauche, puis 10 à 15 min à main droite. Répéter ce travail 3 jours de suite.
Attention, faire tourner ½ heure en longe, équivaut à 1 heure de travail.
V – TRAVAIL À PIED EN LONGUES RÊNES :
Prévoir un emplacement si possible clos pour travailler en sécurité :
1 – Le travail à pied sert à compléter l’éducation avant la mise à la voiture.
Mettre une sellette, passer les guides dans les clés de celle-ci. Chacune des guides est accrochée à l’anneau du filet comme des guides ordinaires. L’extrémité en est tenue débouclée dans la main.
Il est conseillé de faire l’éducation des ânes sans oeillères. Rappelons que « les oeillères ont été introduites pour protéger les yeux des chevaux face à la fougue des postillons et de leur fouet. »
2 – Porter l’âne en avant :
Se déplacer sur le côté gauche à hauteur du palonnier, les guides bien égales et demi tendues, faire un appel de langue plus la voix : « Hue » ou « Marcher » énergique. Aussitôt en marche, lui donner un léger point d’appui sur le filet, sans l’arrêter. Le suivre dans la ligne droite, puis passer en cercle à gauche. Puis à droite.
C’est la voix qui établit le lien et la confiance.
3 – Marcher en cercle à gauche :
Faire un grand cercle, en faisant sentir l’effet de la guide gauche, ne pas abandonner l’appui de la guide droite, afin de maintenir les hanches. Effectuer ce mouvement au pas. L’appui sur le filet doit être constant.
4 – Arrêter :
Augmenter progressivement et également la tension des deux guides, doucement mais fermement avec la voix « Ho ! Ho ! La ! » jusqu’à l’arrêt complet. Puis calmer, et récompenser : Caresser.
La main doit se montrer ferme mais délicate, stricte mais discrète.
5 – Travail du reculer :
appui sur le poitrail. Le meneur étant resté aux guides se place derrière, et donne doucementun ou deux pas en arrière. Récompenser.
Le reculer est un travail difficile à obtenir, c’est un exercice qui nécessite la confiance de l’animal, et doit s’effectuer avec calme et patience.
VI – MISE À LA VOITURE :
L’âne attaché pour la sécurité, mettre les harnais, ensuite approcher la voiture, mettre les brancards dans les ronds de brancards, les traits, les courroies de reculement, la sous-ventrière. Une fois que tout est en place, sans le détacher, faire avancer et reculer la voiture de façon à ce que l’âne prenne contact avec la voiture qu’il a derrière lui. Le laisser faire en lui parlant pour le rassurer.
Caresser. Durée : une demi-heure, refaire 2 jours de suite. Quand l’âne respecte les ordres que vous lui avez appris sans s’affoler, vous pouvez envisager de passer à l’étape suivante.
VII – PREMIERE SORTIE :
– Privilégiez la sécurité :
Prévoyez de vous faire aiderpar une autre personne. Le meneur doit êtredans la voiture, aux guides, et une personne àpied. Choisir un terrain bien roulant, chercher à ne pas tourner trop court pour les premières sorties.
Le faire tourner du côté où il fait ce mouvement le plus volontiers. Ne pas craindre d’appuyer le mouvement, en touchant avec le fouet, l’épaule ou le flanc opposé. C’est-à-dire, pour tourner à gauche, toucher l’épaule ou le flanc droit.
– Le fouet :
L’âne doit être éduqué, guidé, mais pas frappé. Ne soyez jamais brusque avec les mains, car vous le feriez souffrir dans sa bouche.
Tenez le fouet dans la main droite. Evitez de frapper avec les guides sur le dos pour lui demander d’avancer, car en même temps, vous lui tirez sur la bouche. Le premier jour, une leçon d’un quart d’heure suffit. Le meilleur dressage se fait au pas. Donner deux courtes leçons par jour, plutôt qu’une longue séance qui pourrait l’écoeurer.
VIII – MISE EN AVANT DE L’ÂNE :
Le conducteur portera l’âne en avant à l’aide d’un appel de langue et le « Hue » ou « Marcher », en rendant la main. Si l’âne part tranquillement, il faudra reprendre progressivement le contact avec la bouche. Laissez le partir au trot, mais maintenez le à une allure modérée. Alternez les temps de pas et de trot. Le premier jour, une leçon d’un quart d’heure suffit !
LES ORDRES :
- Pour avancer : « Hue ! » ou « marcher »
- Pour l’arret : « Ho ! Ho ! La ! »
- Le reculer : « Arrière »
- Changement de direction : « À droite », ou « À gauche ».
Si un meneur désire employer d’autres termes, il doit veiller à toujours utiliser le même ordre pour une même action.
IX – ATTENTION AUX RÉGLAGES :
L’attelage ne s’improvise pas, il y a des réglages précis à réaliser, et des bases à acquérir. L’éducation à l’attelage d’un âne débutant demande une certaine expérience de meneur. Si vous êtes débutants, il est préférable de vous initier d’abord, en suivant des stages, par exemple.
Texte : Martine et Jean-Jo Gouilloud
Photos : Martine Gouilloud