I – Examen de la peau en cas de tumeur cutanée
À l’approche de ce que l’on appelle le « mauvais temps », les ânes se couvrent d’un manteau naturel épais et efficace. Si cette couverture poilue est bénéfique, elle peut cacher des troubles cutanés : excroissances, verrues, sarcoïdes débutantes. Il est recommandé de brosser notre ami régulièrement afin de le débarrasser de terre séchée ou fumier collés et d’éviter, particulièrement sur les flancs voire les membres, l’apparition de nœuds de poils qui deviennent vite disgracieux et sont ensuite difficiles à démêler.
Si l’étrille et la brosse sont utilisables et recommandées, il faut cependant agir avec précaution en examinant régulièrement le corps de votre âne. De plus, sous le pelage peuvent siéger des plaies qui vont d’autant plus facilement s’infecter. L’examen visuel quotidien accompagne d’un examen manuel toutes les semaines est un préalable à tout brossage sérieux.
Soyez plus particulièrement vigilants au niveau des pattes là où les tissus conjonctifs et musculaires sont absents, c’est à dire au niveau des articulations et des canons, vous éviterez ainsi de blesser une petite excroissance éventuelle, ce qui peut avoir des conséquences néfastes en cas de sarcoïde débutante non détectée.
Si cela vous arrive, une désinfection immédiate s’impose et par la suite une surveillance accrue de l’endroit blessé.
Dans ce chapitre de mon article, je voudrais vous relater le cas de TRUFFE, et ce avec l’autorisation de sa propriétaire, adhérente de l’ADADA, qui m’avait contacté pour demander mon conseil.
TRUFFE a présenté une tumeur cutanée d’apparition très rapide et d’aspect suintant et a reçu un traitement antibiotique qui n’a pas réduit son volume, mais par contre a permis de stopper les suintements. Comme vous pouvez le voir sur les photos cidessus, il s’agit d’une tumeur bien délimitée, au contour régulier et à la surface lisse.
Tout en étant très prudent sur un diagnostic à distance, même en présence de photos excellentes et un échange téléphonique avec la propriétaire, je ne pense pas, compte tenu de l’aspect de la tumeur et de sa rapide apparition, être en présence d’une sarcoïde, d’autant plus que pour l’instant l’évolution est stationnaire. La précaution absolue est d’éviter tout contact et toute manipulation répétée, la surveillance visuelle de son évolution doit suffire. Cette tumeur conserve néanmoins un aspect disgracieux et est un point particulièrement exposé à une blessure accidentelle. Située sous l’encolure et apparemment bien détachée, l’ablation paraît pouvoir se pratiquer facilement. En effet, à cet endroit où la peau est assez lâche on doit pouvoir pratiquer une incision périphérique suffisamment large. En réitérant ma prudence dans un diagnostic à distance, je penche pour un cas de kyste organisé autour d’un corps étranger. Mais seule l’analyse anatomique voire de laboratoire après ablation pourra apporter une certitude.
II – Alimentation des ânesses suitées
Ce dernier mois, j’ai été amené au cours de vaccinations ou d’identification à rencontrer des ânesses bonnes nourrices trop anémiées. Si dans certains articles il est conseillé et démontré que l’âne n’a pas besoin de compléments alimentaires, à part des sels minéraux (pierres à lécher) si le foin et l’herbe sont en quantité suffisante, la période de lactation est une période où un besoin énergétique accru doit être pris en compte.
Comme je l’ai déjà conseillé, un mélange d’orge aplati, de mélasse et de sels minéraux vitaminés peut être intéressant à administrer, ou bien un aliment complet avec l’utilisation d’un mélange de granulés et de céréales floconnées. Je reste toujours réticent à utiliser des granulés seuls, qui avec un animal glouton peuvent s’agglutiner et provoquer des bouchons œsophagiens.
Par contre il faut interrompre ce complément 8 à 10 jours avant le sevrage pour prévenir une trop importante inflammation mammaire par la suite, et ne pas oublier après la séparation de mettre l’ânesse en diète hydrique et à la paille pendant 48 heures (voir mon article sur la mamelle de l’ânesse).
A la fin de ce chapitre, j’ajouterai que j’ai rencontré des propriétaires qui oubliaient de vacciner les ânons et qui confondaient un sérum antitétanique de précaution à la naissance avec une administration de vaccin.
Je rappelle que les petits nés de mères correctement vaccinées sont immunisés jusqu’à environ 6 mois. Si les mères ne sont pas à jour de leurs vaccins (grippe- tétanos), il faut intervenir dès l’âge de deux mois.
III – Nouvelles brèves
Je l’ai rappelé au printemps, je le rappelle à l’automne, pensez à vermifuger nos amis aux grandes oreilles.
A l’expérience, il me semble que cette pratique est de plus en plus régulièrement rencontrée et c’est tant mieux.
A ce sujet, vient d’apparaître au mois de Mars un nouveau vermifuge, l’EQUALAN DUO, qui associe dans la même pâte et en dose unique deux molécules (l’ivermectine et le praziquantel) permettant de traiter un spectre très large des parasites et est particulièrement efficace sur les ténias. Certes, toutes les recherches, tous les essais ont eu lieu sur des chevaux, mais après entretien téléphonique avec le laboratoire Mérial aucune contreindication est à imaginer pour les ânes. Le confrère qui m’a renseigné m’a signalé que le ténia était un parasite qu’il avait rencontré chez certains ânes. L’efficacité et la tolérance de ce produit ont été démontrées même sur des juments gestantes. Le traitement est relativement onéreux. A ce sujet une propriétaire m’a contacté récemment car son ânesse de 200 kg environ avait avalé un tube entier d’Equalan (traitement 600 kg) et s’inquiétait. Je l’ai rassurée car l’Ivermectine a été utilisée jusqu’à 10 fois sa dose sans préjudice sauf pour le porte-monnaie. Cependant il faut toujours respecter les dosages préconisés.
Asinement vôtre
Jacques Roset, vétérinaire