Témoignage de Brigitte M., adhérente ADADA, et adoptante de deux ânesses
Marguerite, une ânesse dont l’existence avait basculé vers l’enfer de la filière boucherie, a vécu un véritable conte de fées : sauvée et accueillie au refuge ADADA, où elle a donné naissance à sa fille Wynda, elle a ensuite été rapidement adoptée, avec son bébé.
Pour Brigitte, l’heureuse adoptante, c’est aussi un conte de fées … Ou tout au moins une véritable histoire d’amour, dont elle témoigne pour vous aujourd’hui, prétant la parole à la petite Wynda.
Bonjour je m’appelle Wynda: je suis la petite ânesse de Marguerite. Je suis née le 11 mai 2010 à Ambert au refuge.
Jusque là tout semble normal… Mais avant ma naissance, le destin n’était pas tendre avec Maman, et les évènements ont bien failli nous mener à notre perte, Maman et moi.
Laissez moi vous raconter notre histoire.
Je suis bien au chaud dans le ventre de Maman et j’entends des choses bizarres …
Je n’en crois pas mes grandes oreilles! Notre maître veut se séparer de nous!!! Nous ne sommes « plus rentables », Maman est « pleine », « elle a croisé un Poitou », « il faut faire de l’argent … la vendre, s’en débarrasser », elle est « vendable pour faire du saucisson »….
Qu’est-ce que c’est du « saucisson »? Je ne sais pas…
Maman monte dans un camion: c’est le camion de la mort.
A cette époque, bien au chaud dans le vendre de Maman, je ne sais pas ce qu’est ce méchant camion. Je suis loin d’imaginer ce qui risque de nous arriver ! D’ailleurs, nous ne sommes pas seules: il y a aussi des copines de Maman…..Où va donc nous conduire ce voyage ?
Tout à coup, notre destin bascule à nouveau, l’ADADA sur notre route…
… grâce à un petit bout de femme débordant d’énergie et d’amour pour les ânes.
Ce petit bout de femme s’appelle Marinette: une femme avec un cœur gros « comme ça ». Sans elle, bon nombre de grandes oreilles seraient aujourd’hui montées dans le camion de la mort pour ne pas en redescendre. Présidente de l’ADADA et dévouée jours et nuits à notre cause, à nous les ânes, elle est aidée par Etienne, son époux bénévole à temps plein.
Marinette, cette fois encore, a reçu l’appel d’une adhérente affolée par ce qui risquait de nous arriver. Et l’ADADA a tout mis en œuvre pour nous récupérer.
Nous sommes sauvées, on ne nous transformera pas en saucisson !
C’est reparti! Nous montons dans un camion et nous roulons longtemps… Enfin, le camion s’arrête. Maman et les autres se retrouvent avec d’autres copines dans un beau pré: tout le monde s’occupe d’elles, vérifie qu’elles n’aient pas trop souffert du voyage. Nous sommes à Ambert au refuge ADADA, où là il n’est plus question de finir en saucisson!
Les jours passent…et puis ….
Le 11 mai 2010, je décide de voir ce qui se passe à l’extérieur.
Les petits enfants de Marinette assistent à ma naissance ainsi que d’autres personnes présentes. On est bien ici, il y a pas mal de copines dehors, Maman ne tremble plus depuis son arrivée à Ambert et je n’entends plus ces choses horribles sur notre devenir. Me voilà donc parmi d’autres copines aux grandes oreilles, et je trouve que la vie est belle !
Aujourd’hui, c’est le jour de l’Assemblée générale de l’ADADA: une journée très particulière pour Maman et moi.
J’ai un peu plus d’un mois, on dit que je suis un bébé craquant, et je reçois beaucoup de visites … Un homme et une femme en particulier viennent dans le pré et n’arrêtent pas de nous faire des papouilles. La dame revient ensuite souvent nous voir, à l’occasion notamment des journées bénévoles. Chaque fois elle repart le cœur gros, car le temps passe vite car il y a beaucoup de travail à l’ADADA … Cette dame, c’est Brigitte. J’ai appris qu’elle et son mari Jean-François nous avaient parrainées, Maman et moi.
Pour ma marraine et mon parrain, c’était trop dur de ne pas nous voir tous les jours: ils ont donc décidé de nous adopter !
Après avoir longtemps cherché, Brigitte et Jean-François ont trouvé une pâture leur permettant de nous adopter toutes les deux.
Le 2 avril 2011 nous arrivons en Haute Saône, après un voyage de + de 400 km . Depuis, nous sommes les mascottes du village! Nous découvrons avec nos maîtres les chemins alentours et faisons connaissance avec d’autres copines du coin.
Si Marinette n’avait pas été là, ainsi que Brigitte et Jean-François qui nous ont adoptées, nous n’aurions pas connu le bonheur de vivre ainsi des jours paisibles …
Le mot de Brigitte:
L’adoption d’un âne est un engagement important : il ne faut pas considérer cela comme un engagement sur du court terme, il ne faut pas adopter un âne pour tondre la pelouse ou pour passer le temps. C’est une décision qui doit être mûrement réfléchie, et on ne peut pas se lever un matin en disant « tiens, et si j’adoptais un âne? » J’ai souvent entendu Marinette dire : « si l’on adopte un âne à l’Adada, ce n’est pas pour qu’il refasse le chemin inverse au bout de quelques mois. »
Souvent les ânes, comme c’est le cas pour Marguerite, ont été victime de maltraitances. Et le chemin pour retrouver la confiance entre l’homme et l’animal s’avère quelque fois long. Mais avec de l’amour et de la patience, et beaucoup de tendresse, on arrive à ressouder ces liens. Et c’est une satisfaction incommensurable que de voir le regard de nos protégées lorsque, reconnaissantes, elles posent la tête sur nos épaules pour faire d’énormes câlins.
Depuis l’arrivée de nos protégées, pas un jour nous n’avons eu à nous forcer pour aller les voir. C’est chaque jour un bonheur partagé à quatre. Et ça aussi, c’est important: être heureux d’avoir pu adopter nos protégées, mais aussi les rendre heureuses.