Mise à jour février 2021 :
Actuellement une recrudescence dans certains départements.
A – Contamination
Dans la majorité des cas la contamination se fait par voie respiratoire à partir d’ânes ou de chevaux eux-mêmes infectés, ou à partir d’un avorton ou des annexes placentaires. Dans un premier temps le virus va se multiplier au niveau des muqueuses du nez, du pharynx et de la trachée, puis dans les ganglions lymphatiques correspondants. De là, les virus vont se répandre dans tout l’appareil respiratoire mais vont également pouvoir gagner d’autres organes comme l’utérus et/ou le système nerveux central. En fonction du virus en cause et sa localisation, des signes cliniques très variés vont pouvoir se manifester.
Chez l’âne ou le cheval, tout comme chez les autres animaux, la particularité de ces herpès virus est de persister très longtemps (souvent toute la vie) dans l’organisme et de pouvoir être « réactivé » à la faveur d’un stress, d’une maladie intercurrente ou de certains traitements.
B – Symptômes
Les symptômes sont identiques à ceux observés lors de grippe équine : forte fièvre (40 à 41° C), toux, écoulement nasal mucopurulent pendant 5 à 7 jours. La contamination des ânes et des chevaux d’un effectif est beaucoup plus lente que dans le cas de la grippe. Il n’est pas rare de voir l’affection se propager au cours de quelques semaines. Chez les ânons ou les poulains ou les sujets plus âgés, on peut observer l’apparition de complications bactériennes pouvant conduire à des bronchopneumonies ou à une chronicité de la maladie. Des rechutes sont fréquentes, ce qui prouve bien la persistance de ces virus dans l’organisme et la faible protection qui suit une période clinique. Les ânes ou les chevaux malades éliminent le virus pendant 2 à 4 semaines et sont une des sources principales de contamination.
L’avortement est essentiellement provoqué par l’EHV-1*. Il peut être précédé de signes respiratoires mais le plus souvent les ânesses ou juments contaminées ne présentent aucun signe avant-coureur. Il intervient essentiellement en fin de gestation (entre 8 à 10 mois). Une expulsion du fœtus se fait avec le placenta de façon spontanée. Le fœtus et les enveloppes fœtales sont d’apparence normale, mais sont une source très importante de dissémination du virus pour les autres animaux.
La forme nerveuse peut survenir 7 à 8 jours après le début de la forme respiratoire. Elle débute le plus souvent par une modification du comportement de l’âne ou du cheval et par des troubles de la démarche (démarche titubante, difficultés pour tourner sur place, répugnance à se déplacer, etc.). Dans les cas les plus sévères on observe une paralysie du train postérieur de l’animal qui prend une position dite «en chien assis» ou une paralysie plus généralisée entraînant un couchage permanent avec impossibilité de se relever. Cette dernière manifestation clinique est de pronostic extrêmement grave. La récupération peut être totale ou partielle en fonction de la localisation et de l’étendue des lésions du cerveau et de la moelle épinière.
C – Traitement et prévention
Comme pour la plupart des maladies d’origine virale, il n’existe pas de médicaments susceptibles d’arrêter la multiplication des virus herpès des équins. Les traitements entrepris auront pour seul but de limiter l’incidence des infections secondaires et des complications.
La prévention doit reposer sur l’application de mesures sanitaires et hygiéniques qui seront renforcées par la vaccination. Un isolement des ânes ou des chevaux malades et surtout des ânesses ou des juments venant d’avorter est une mesure essentielle. Dans le cas d’avortements à EHV-1*, la mise en quarantaine du haras est de règle. La désinfection des locaux, des vans et du matériel est à effectuer régulièrement. Ne pas oublier que le personnel peut être un vecteur passif de ces virus.
La vaccination pratiquée depuis plus de 20 ans sur les juments a considérablement fait baisser l’incidence des avortements à EHV1. Cependant la menace existe toujours car trop peu de juments reproductrices sont régulièrement vaccinées. Pour la forme respiratoire, la vaccination entraîne une nette diminution de la gravité des signes cliniques et réduit l’élimination du virus et donc les risques de contamination des autres animaux. Les protocoles de vaccination varient en fonction des vaccins commercialisés. : les juments gestantes sont généralement vaccinées pendant la première moitié de la gestation. Pour les ânes, les programmes vaccinaux sont identiques à ceux pratiqués pour la vaccination antigrippale avec des rappels plus fréquents qui sont recommandés tous les 6 mois.
III – CONCLUSION
La rhinopneumonie chez nos ânes doit être prise en considération, certes sérieusement, mais modulée en fonction de certaines régions plus exposées compte tenu d’une concentration et d’une importance des troupeaux.
La multiplicité des virus ne permet pas encore d’apporter une réponse totale avec la vaccination. Des recherches en cours laissent espérer une obtention de vaccins plus sûrs, mais non encore commercialisables.
Cependant dans certaines régions particulièrement atteintes, on peut conseiller la vaccination, en sachant que toute sollicitation immunitaire n’est pas forcément sans conséquences.
Dans les autres cas, qui sont largement majoritaires chez nos ânes, je ne crois pas que la vaccination soit à recommander, contrairement à ce que j’ai pu déjà écrire sur la grippe et le tétanos.
Les conditions hygiéniques (bonne aération des boxes, élimination régulière des litières, vie en plein air, zones trop humides à proscrire …) sont souvent suffisantes pour éviter l’apparition des maladies respiratoires en général et de la rhinopneumonie en particulier. Votre vétérinaire, en cas d’apparition de tout signe respiratoire, doit être immédiatement consulté.
Asinement vôtre
Jacques ROSET