I – Champ visuel
Du fait du positionnement des yeux, placés latéralement, le champ visuel est très large 340 à 360º (alors que l’homme ne couvre que 150º) avec une zone aveugle dans le prolongement du nez.
Par contre l’âne est plus handicapé que nous pour le relief et l’évaluation des distances puisque la vision stéréoscopique donnée par le recoupement des deux champs (dite vision binoculaire) se limite de 55 à 65′ face au chanfrein.
II – Acuité visuelle
Elle est très limitée, car du fait du faible développement du muscle ciliaire le cristallin se déforme pour faciliter l’accommodation et c’est par un changement de la position de la tête que l’âne trouve la zone de l’œil adaptée à la distance voulue. Son œil n’est pas sphérique, mais ovale, et en changeant la position de la tête il ajuste la focale pour voir net.
L’âne est emmétrope, c’est-à-dire qu’il voit comme nous, avec des sujets myopes et hypermétropes ; il n’existe encore pas de lunettes pour de tels sujets.
III – La vision des couleurs
L’étude de la constitution de la rétine montre que les cônes qui sont des cellules réceptrices pour les différentes longueurs d’onde de la lumière ne permettent de distinguer que 2 couleurs fondamentales (bichromate) ; alors que l’homme est trichromate.
Les spécialistes montrent qu’il réagit très bien aux jaunes puis aux verts, aux bleus et en dernier aux rouges.
IV – La vision du noir et blanc
La sensibilité à l’éclairement est nettement plus développée que nous, d’une part par la densité des bâtonnets de la rétine qui lui donne une remarquable vision nocturne et par la vitesse d’adaptation de la pupille face à un brusque changement de luminosité. La pupille en fente horizontale lui permet de garder la presque totalité du champ visuel malgré un fort ensoleillement.
V – Précisions
L’âne ne grossit pas les détails comme une jumelle, mais grâce au champ visuel large il peut déceler très facilement un mouvement au loin, puis positionne sa tête dressée vers l’objet repéré qu’il va identifier plus nettement.
Les couleurs sont moins prédominantes que les contrastes lumineux dans la perception de son environnement.
Du fait du positionnement latéral et saillant des yeux, ils sont plus exposés aux atteintes de la cornée (branches). En attelage, les brides sont équipées d’œillères que l’on croit utiles pour centraliser le regard et donc l’attention ; mais il faut savoir que le fouet terminé par une mèche peut être dangereux pour l’œil. Un fouet claque car l’ondulation produit une accélération jusqu’à son extrémité et atteint le mur du son. Imaginez l’impact de la mèche sur l’œil et la douleur engendrée !!
VI – Conclusion
L’âne voit très bien mais ne fonctionne pas comme nous, la surveillance de son entourage est remarquable, les couleurs sont plus tristes mais il voit très bien la nuit. Il a besoin d’une grande mobilité de la tête pour vérifier ce qu’il a aperçu (même dans ses rétroviseurs), et une fois identifié il est rassuré.
Yves Duclos, maréchal-ferrant