Conseils de Maréchal-Ferrant :
Le mal de dos n’est pas le propre de l’homme!
Un animal qui se plaint du dos devient irritable, instable et méfiant envers l’homme de peur d’avoir des désagréments.
Un âne ou un cheval peut avoir des problèmes de dos du fait de l’horizontalité de sa colonne ; une torsion, un choc vertical ou une charge prolongée provoque des douleurs qui changent le comportement de l’animal.
L’animal fait beaucoup de difficultés à se laisser attraper alors que sa curiosité ou le plaisir d’avoir de la visite devrait l’attirer.
Pour le maréchal, les difficultés à prendre les postérieurs sont significatives. La douleur se traduit par un refus de donner les membres en chassant l’arrière-main pour y échapper ou par des coups de pieds dans le vide.
Une fois saisi, le postérieur sensible est contracté vers l’axe central, l’autre est impossible à décoller : c’est une luxation.
Si les deux membres sont difficiles à soulever, c’est central, donc vertébral.
L’origine de la torsion peut venir du roulage en se relevant, d’une chute et très souvent d’une mauvaise manipulation de l’homme pour prendre ses postérieurs.
Quand son propriétaire ou le maréchal par maladresse lève trop le membre pour être à son aise parce qu’il est grand ou raide du dos, cela bascule la hanche et vrille les vertèbres.
Autre cas, par appréhension ou crainte de prendre un coup, il écarte vers l’extérieur, il s’agit d’une luxation de la hanche et c’est extrêmement douloureux. Si une sanction suit la défense de l’animal, c’est une erreur qui risque de compromettre définitivement la confiance du compagnon.
Pour un jeune animal ou un animal qui souffre, il faut procéder avec progressivité pour avertir de ses intentions et faire comprendre que l’on va agir dans le respect de la mobilité de ses articulations et surtout à l’écoute de la sensation que le compagnon éprouve et qui est prise en compte comme un avertissement, donc un dialogue entre les deux parties.
D’abord, se présenter : tendre la main paume en bas, la main légèrement pendante pour qu’il renifle votre odeur.
Lui parler gentiment pour lui confirmer notre décontraction intérieure et nos bonnes intentions.
Un grattouillis sur l’encolure et le dos et ensuite on peut commencer à manipuler les antérieurs.
On commence par faire glisser ses doigts depuis l’épaule jusqu’au pied avec une préhension légère du canon, paturon.
Pour déverrouiller le boulet, il faut réduire la pression de la colonne osseuse en déséquilibrant légèrement l’âne par une action de notre épaule sur l’épaule de l’animal. Prendre le boulet par le paturon et tirer à 45 degrés vers l’avant, en accompagnant la flexion du membre par un fléchissement du genoux.
La tenue du membre doit être ferme pendant l’action et détendue dès que le membre est levé. Une mobilité du boulet dans tous les sens suivi d’un tapotement sur le pied si l’animal est détendu sera la conclusion de la première approche.
Pour les postérieurs, un grattouillis sur la croupe avec un toucher des doigts jusqu’en bas sera un test pour avertir et connaître les dispositions de l’animal.
Un léger déséquilibre avec l’épaule tout en se tenant derrière la hanche de l’âne, bras tendu côté animal pour éloigner la tête, on saisit le paturon et déverrouillage du boulet.
Ensuite, très important, soutenir le pied le plus bas possible après avoir passé le bras au dessus du jarret et rabattre le postérieur vers l’autre membre comme si l’on voulait le croiser pour bien signifier que je veux éviter un écartèlement.
L’animal doit être contre un mur pour éviter de se dérober et provoquer involontairement une luxation de la hanche.
Toutes ces actions se font avec fermeté pour exprimer un volontarisme, une légèreté pour remercier et décontracter.
Le ton de la voix renseigne et encourage le compagnon pendant toute la manipulation.
Pour une première découverte, une contention de l’oreille pour les sujets rétifs sera utile pendant la manipulation dans les règles, afin de bien faire comprendre les gestes et l’absence de douleur.
En 17 ans de maréchalerie, je n’ai jamais reçu de coup de pied car je connais et comprends les chevaux et ânes.
Dans les cas de problèmes vertébraux je tire la queue puis suit un massage. Si c’est sérieux, je préconise un ostéopathe.
Yves DUCLOS
Maréchal-ferrant
extrait du numéro 79 de l’Âne Bleu