Différences entre âne et cheval
( titre d’un article de Gigi Kay, N°149 de « Pratique vétérinaire équine » )
Les médicaments qui possèdent une autorisation de mise sur le marché (A.M.M.) avec des indications validées chez les ânes sont rares.
Les recherches sur ces espèces sont également rares et de ce fait l’utilisation se réalise par extrapolation des indications pour le cheval.
Au cours de mes différents articles, j’ai pu attirer votre attention sur certaines données physiologiques différentes entre l’âne et le cheval qui conduisent à une grande variation du métabolisme, pour de nombreux médicaments usuels, notamment en termes de thermorégulation, de capacité d’hémo-concentration et de métabolisme hépatique et rénal. L’efficacité des molécules varie donc d’une espèce à l’autre et les doses ainsi que les fréquences d’administration doivent être adaptées .
L’âne et le mulet métabolisent les médicaments plus vite que le cheval.
Les techniques utilisées pour mesurer l’élimination des médicaments permettent de comprendre la pharmacocinétique. Par exemple, le temps de « demi-vie » d’un médicament, qui est le temps nécessaire pour que la concentration initiale d’une molécule diminue de 50%, est un élément important à prendre en considération pour les intervalles entre l’administration d’un médicament.
L’article de Gigi Kay résume l’état actuel des recherches sur les posologies et les fréquences d’administration des médicaments les plus courants chez les ânes et les mulets, notamment les antibiotiques, les anti-inflammatoires, les sédatifs et tranquillisants.
D’une manière générale et pour de nombreux produits pharmaceutiques, il convient de réduire l’intervalle d’administration chez les ânes et/ou augmenter la posologie.
Nos amis étant de plus en plus nombreux à se présenter à la consultation, les vétérinaires, particulièrement les « équins », sont de plus en plus attentifs à la spécificité « âne » et s’ils sont abonnés à la revue « Pratique vétérinaire équine », ils pourront avoir des données précises, scientifiques sur les différences entre l’âne et le cheval. En ce qui me concerne, outre les contacts que j’ai pu avoir avec des confrères, cette revue m’apporte beaucoup.
Compte tenu de ces données, il est primordial pour adapter la posologie de bien connaître le poids de votre âne. J’avais déjà indiqué certains moyens simples pour avoir une bonne approche.
Pour ce faire, en voilà une à partir du nomogramme pour l’estimation du poids de l’âne et du mulet de trait (voir tableau). J’ai pu vérifier sur mes ânes que ces nomogrammes sont intéressants à utiliser et permettent de se rapprocher de la réalité.
Toutes ces différences constatées peuvent trouver leur explication dans certains éléments de physiologie comparée. C’est ainsi que (toujours me référant à l’article) si le cheval et l’âne partageaient un ancêtre commun il y a environ deux millions d’années, ils ont évolué indépendamment depuis. De nombreuses différences anatomiques, comportementales et physiologiques ont été mises en évidence. Elles concernent les grandes fonctions de l’organisme et on peut penser que les différences observées entre l’âne et le cheval sont liées à l’adaptation de l’âne en milieu désertique. L’évolution des ânes a, en effet, principalement eu lieu dans les zones arides d’Afrique et du Moyen-orient, et ils s’y sont bien acclimatés. Les ânes sont par exemple capables d’hémo-concentration et peuvent conserver un volume sanguin et une fonction circulatoire stables malgré un taux de déshydratation qui atteint les 20%.
Voilà un exemple supplémentaire qui vient conforter la réalité que l’âne n’est pas un « petit cheval », il vient s’ajouter aux différents exemples que vous pouvez lire ou que j’ai pu vous décrire depuis quelques années (exemple : les coliques, la digestion…)
Asinement vôtre, Jacques ROSET, vétérinaire