Nous avons demandé au Docteur Chambéry, Président d’honneur de S.O.S. Cheval, Maison des Associations, 11 Rue des Saulées, 63400 Chamalières, l’autorisation de publier cette chronique, car en peu de mots elle rappelle les articles d’Yves Duclos et de Jacques Roset au sujet de cette maladie qui fait toujours trop de dégâts chez les ânes : les propriétaires, et souvent les passants, les voisins, persuadés de bien faire les gâtant trop (pain, gâteaux secs, etc…).
Nous remercions le Docteur Chambéry.
Cette chronique est parue dans le bulletin de S.O.S. Cheval.
La fourbure est, le plus souvent, une maladie déroutante et d’évolution décevante. Anes et poneys sont particulièrement exposés.
Presque toujours, elle débute par une phase très aiguë. Le cheval ne peut se mouvoir, ou seulement très péniblement. On dirait qu’il marche « sur des œufs ». Immobile, il se tient sur ses talons. Il faut alors agir vite et fort pour limiter autant que possible l’évolution chronique insidieuse et souvent inexorable : anti-inflammatoires, vasodilatateurs, héparine…
Mieux et plus tôt on soigne, moins les séquelles seront importantes. Néanmoins, le passage à la chronicité et la dégénérescence lente et destructrice des structures normales du pied apparaissent. Quelques fois régulièrement, d’autres fois par poussées inflammatoires qu’il faut traiter comme la phase initiale. Petit à petit le pied dégénère gravement : pousse exagérée de la corne, basculement de la troisième phalange, décollement du kéraphylle et apparition de fourmilières ou d’abcès, rétraction de l’appareil podotrochléaire, disparition du coussinet digital.
Les soins orthopédiques et les ferrures spéciales peuvent quelques fois permettre une certaine utilisation du cheval. Souvent, malgré une conduite médicale parfaite, des soins acharnés et constants, l’évolution se fait de déception en déception. L’animal devient souvent un infirme à vie, et rien ne peut inverser l’évolution. Il végète dans son enclos, ses pieds poussent exagérément en « sabot chinois », il est souvent couché. Souvent le propriétaire désabusé finit par s’en désintéresser et les passants crient au mauvais traitement de l’animal. A ce propos, faut-il le cacher ? Faut-il l’euthanasier ? Il faut bien admettre que malheureusement les chevaux, comme les humains, peuvent être handicapés.
Une seule vraie solution : la prévention. Éviter de trop nourrir les chevaux.
Certes il y a d’autres causes, certaines sont mal connues, mais l’excès alimentaire reste la cause la plus fréquente.
C. Chambéry
Docteur vétérinaire
Extrait du numéro 93 de la Revue de l’Âne Bleu